lundi 14 mars 2011

POUR UN REFERENDUM D'INITIATIVE POPULAIRE

Du fichier BASE/ELEVES au fichier BASE/PRESIDENTS
Réponse du berger à la bergère

Afin de ne pas reproduire aux présidentielles de 2012 les mêmes erreurs qu’en 2002 et 2007
« Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint » (BEAUMARCHAIS)

Dans une République qui se respecte, le pouvoir exécutif est confié, par définition, à des « exécutants », employés par le peuple souverain pour gérer au mieux les affaires publiques, rémunérés en conséquence à un salaire convenable, environ dix ou vingt fois plus qu’une caissière de super marché. Le moins qu’on puisse exiger d’eux, pour ce prix, est qu’ils se montrent capables de répondre aux attentes des électeurs.
D’où viennent-ils et comment sont-ils choisis ?
Aux termes de la Constitution de la Vème République le Pouvoir Exécutif est assuré sous la direction du Président de la République élu au suffrage universel.
Le Président nomme un Premier Ministre.
Sur proposition du Premier Ministre il nomme les autres membres du Gouvernement.
Le Gouvernement aujourd’hui en place compte 22 Ministres et 8 secrétaires d’Etat.
Le pouvoir exécutif se trouve donc, au total, entre les mains de 32 personnes dont une seule était à peu près connue le jour de l’élection présidentielle en 2007 : celui qui deviendrait le Président. Pour le reste, à ce moment là, les électeurs ne savaient rien des futurs membres du Gouvernement.

On aimerait bien savoir, maintenant, comment les ministres en question ont été recrutés par le Président. Suivant quels critères ? quels certificats ? quelles références ? Sur la base de quelles recommandations ? Sur la production de quels C.V. ?
Dans les agences d’intérim ou les bureaux de Pôle-Emploi, quand on recherche un peintre, on demande qu’il sache peindre ; pour un menuisier qu’il sache raboter dans le fil du bois.
En règle générale on a tendance à préférer des ouvriers connaissant bien leur métier.
Rien de pareil dans la composition d’un Gouvernement. Pour choisir un ministre il semble qu’on se montre beaucoup moins pointilleux que dans l’industrie ou l’artisanat.
Le métier de ministre est le seul qui n’exige aucune compétence particulière ; mise à part une parfaite maîtrise de la langue de bois. A la rigueur un rien de souplesse dorsale.
De sorte qu’au hasard des remaniements ministériels, tel aujourd’hui en poste à la santé, peut fort bien se trouver demain versé à l’industrie, un autre jour à la justice ; pourquoi pas au commerce ou aux affaires étrangères ?
Dans les agences d’intérim on recherche parfois des « michel morin ».
Les « michel morin » sont des touche à tout, de bons bricoleurs, des hommes à tout faire :
couper du bois, cuisiner, jardiner, tricoter, réparer de vieux trucs hors d’usage.
A une ou deux exceptions près, les ministres de ce Gouvernement sont, en quelque sorte, des « michel morin » de la politique

A l’avenir, on devrait pouvoir arranger les choses.
Au préalable, en prévision de l’élection présidentielle de 2012, il serait bon de tirer les enseignements d’un certain 21 avril 2002.
En 2002, le Président sortant, afin de consolider sa position, fonde un nouveau parti : l’UMP (Union pour une Majorité Présidentielle) nommé plus tard, au prix d’un certain pléonasme, « Union pour un Mouvement Populaire » ; surtout pour essayer de dissimuler que l’ancien parti gaulliste RPR tournait ainsi le dos à l’idée cent fois répétée par le général de Gaulle suivant laquelle le Président ne doit dépendre d’aucun parti, que sa fonction l’oblige, en tant qu’élu du peuple, toutes opinions confondues, à se tenir « en dehors des partis », « au dessus des partis».
Pour plus de précision, il n’est pas inutile, à ce sujet, de rappeler les propos tenus par le général de Gaulle, lors d’une conférence de presse, le 19 septembre 1962 : « … pour que le Président de la République puisse porter et exercer effectivement une charge pareille, il lui faut la confiance explicite de la nation. Permettez-moi de dire qu’en reprenant la tête de l’Etat, en 1958, je pensais que pour moi-même et à cet égard, les évènements de l’Histoire avaient déjà fait le nécessaire. (…)
La question serait très différente pour ceux, qui n’ayant pas nécessairement reçu des évènements la même marque nationale, viendront après moi, tour à tour, prendre le poste que j’occupe à présent. Ceux là, (…) il faudra qu’ils en reçoivent directement mission de l’ensemble des citoyens. »

A défaut de représenter un label de « marque nationale », comment depuis 2002, les candidats présidents de l’entreprise UMP, ont-ils tourné la difficulté ? Par de la réclame, du battage à tout va, en faisant du vent. Il est clair, en effet, que la manière de conduire une campagne électorale s’inspire aujourd’hui, plus qu’un peu, des méthodes employées par les « forces de vente » dans le domaine commercial, tendant à présenter le candidat-président comme un produit d’appel en tête de gondole dans les super-marchés. Où des agences de publicité sont prêtes à vous vendre du Président ni plus ni moins que de la lessive qui lave plus blanc, des vacances au soleil à crédit sur 20 ans ou des fromages à 0%. En soignant la couleur et la forme de l’emballage, faute d’être en mesure de dire ce qu’il renferme.

De quoi s’agit-il lors d’une élection présidentielle au suffrage universel ?
La décision prise en juillet 2000 de réduire à cinq ans la durée du mandat présidentiel a provoqué, dès 2002 l’alignement du législatif sur l’exécutif. Non seulement dans le temps mais en plaçant pratiquement le législatif sous la dépendance de l’exécutif. Alors que par définition l’exécutif devrait être là, comme son nom l’indique, pour exécuter, mettre en application les lois votées par le Parlement.

Notre pays est aujourd’hui un quartier du monde comme un autre, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était en 1958, à la naissance de la Vème République
- alors que la France régnait encore sur un immense empire colonial (dont un tiers de l’Afrique),
- alors que les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais ou les sidérurgistes de la région lorraine pouvaient manifester pour réclamer une amélioration de leur sort, parce qu’ils avaient encore la chance d’avoir du travail,
- alors que la banlieue parisienne se couvrait de bidonvilles où s’entassaient des travailleurs étrangers venus d’un peu partout participer à la construction de ces « villes nouvelles » qui serviraient cinquante ans plus tard à loger leurs enfants et leurs petits enfants.
C’était l’époque des « trente glorieuses ». Les temps ont changé. Mais la Constitution de la Vème République a bien résisté. L’expérience a montré qu’elle pouvait se lire dans tous les sens, de gauche à droite aussi bien que de droite à gauche. Jusqu’à ce fameux 21 avril 2002 où elle est soudain devenue illisible. Et risque de l’être encore en 2012 d’après ce que laissent prévoir les sondages. A tel point que certains rêvent depuis longtemps de mettre en place une VIème République.
Il est trop tard, d’ici 2012, pour opérer un changement de Constitution, il nous faut faire avec ce que nous avons sous la main. En essayant, pratiquement, de redonner un sens à l’élection présidentielle.
Comment faire ?
Au lieu de ces parties de poker menteur que sont devenues les campagnes électorales nous pouvons par la voie d’un référendum populaire exiger que les candidats annoncent clairement la couleur, cartes sur table, en affichant la composition du Gouvernement qu’ils ont l’intention de former.
A cet effet on pourrait s’inspirer d’une procédure informatique mise en place par les services de l’Education Nationale sous le nom de « fichier Base/Elèves premier degré».
Un tel fichier est en principe un outil de travail permettant d’assurer la gestion administrative et pédagogique des élèves de la maternelle au C.M.2 dans les écoles publiques et privées.
A la rigueur, d’un point de vue strictement comptable, ce genre de fichier pouvait être utile pour opérer une juste répartition des effectifs. Mais il outrepassait les bornes dès l’instant où s’y entassaient toutes sortes d’informations qui n’avaient rien à voir avec le problème : sur la nationalité et l’origine des élèves et de leurs responsables légaux, sur la profession des parents, etc…On pouvait craindre des arrière pensées, que ce fichier soit détourné de son usage premier, pour servir au contrôle des flux migratoires ou permettre de supprimer les allocations familiales de certaines familles si leurs enfants désertaient trop souvent l’école.
Cette crainte était justifiée par le manque d’étanchéité qu’il pouvait y avoir entre les fichiers de l’Education Nationale et ceux de l’Intérieur, donc au sein même de l’exécutif.

En conclusion :si le Gouvernement est capable de s’immiscer ainsi dans la vie privée des gens, pourquoi ne pas lui retourner le compliment, dans une sorte de réponse du berger à bergère en proposant de mettre en place un fichier BASE/PRESIDENTS en vue de l’élection présidentielle de 2012 ?
Chaque candidat/président serait tenu de fournir la liste complète des membres de son prochain Gouvernement, et pour chaque membre d’établir une fiche de renseignements attestant qu’il est mieux placé que personne pour occuper la place, eu égard à ses compétences. Pour plus de sécurité, on préciserait que chacun des futurs ministres auraient à se faire assister par trois conseillers qui devraient eux-mêmes établir une fiche les concernant.

A raison de 22 ministres et de 3 conseillers par ministre, chaque candidat/président
devrait donc aligner à l’appui de sa candidature un dossier justificatif composé au total de 89 fiches.
A supposer que 10 candidats se présentent en 2012, les électeurs disposeraient ainsi d’un catalogue complet de propositions à partir d’un fichier BASE/PRESIDENTS composé de 890 fiches permettant à chacun de choisir en toute connaissance de cause. Au besoin à l’aide d’un logiciel informatique leur offrant la possibilité, sur chaque sujet, de croiser les informations, de comparer vraiment les compétences des uns et des autres.
Vous pouvez adresser vos suggestions sur : message @karim-sans-papiers.com

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